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Comment le virage numérique de la médecine transforme le système de santé
Vers la digitalisation du système de santé
Vieillissement de la population, augmentation du nombre de maladies chroniques, manque de médecins généralistes comme spécialistes dans certaines régions… Certains patients, connaissent une difficulté grandissante à obtenir des rendez-vous médicaux ou même des consultations d’urgence. Le terme de désert médical, apparu il y a une quinzaine d’années, parle de lui-même : il n’y a pas assez de médecins pour répondre aux besoins de la population dans certaines zones.
Résultat ? Le corps médical s’essouffle, les patients se rendent aux urgences déjà surchargées à défaut de pouvoir prendre rendez-vous avec un médecin traitant, et ce système s’entretient lui-même.
Le plan de transformation Ma Santé 2022 enclenche la transition digitale
En réponse à ces enjeux, la réforme Ma Santé 2022 présentée en 2018 prévoit de densifier les échanges entre professionnels de santé, de diversifier les postes et formations des praticiens, de revaloriser la relation avec le patient… Le tout en s’appuyant largement sur la digitalisation des dossiers et échanges entre les différents acteurs. Une idée séduisante pour les administrations, mais qui peut inquiéter le corps médical concernant la protection des patients : pour certains médecins, ce partage de dossier doit se faire de manière prudente pour ne pas nuire au secret médical : il ne faut probablement pas communiquer toute information à tous les médecins en charge d’un patient. Qui plus est, porté par le ministère de la Santé, ce plan de transformation n’a pas encore connu de changements importants dans le contexte de la pandémie, mais prévoit toujours la mise en œuvre de nombreuses améliorations du système de santé d’ici 2022.
Les « 10 mesures phares de Ma Santé 2022 », selon l’ARS
Le plan « Ma Santé 2022 » comprend de très nombreuses mesures objectifs résumés par l’ARS en 10 points clés :
1. lutter contre les déserts médicaux
2. création de financements au forfait pour la prise en charge à l’hôpital des pathologies chroniques
3. déploiement de 1000 Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) d’ici 2022
4. soutien financier au développement des assistants médicaux auprès des médecins libéraux
5. labellisation dès 2020 des premiers « Hôpitaux de proximité »
6. réforme du régime des autorisations des activités de soins
7. création d’un statut unique de praticien hospitalier
8. management et organisation des activités de soins : favoriser la reconnaissance collective
9. renforcer la participation des médecins au pilotage des hôpitaux
10. suppression du numerus clausus et refonte des premiers cycles des études en santé
Télésoin et ordonnance numérique assurent des consultations à distance
La télémédecine, qui sera bientôt une alternative courante aux consultations physiques, est en filigrane dans de nombreuses mesures de Ma Santé 2022. Les avantages sont multiples : gain de temps mutuel pour le docteur et le patient, déplacement évité pour le patient, rendez-vous plus rapidement obtenu…
Elle doit toutefois être accompagnée – tant côté praticien que côté patient – et s’appuyer sur des solutions techniquement fiables. Elle s’accompagne de la dématérialisation des ordonnances, autre objectif important pour sécuriser et rationnaliser la prescription et la délivrance des traitements.
La dématérialisation va dans le sens de la coopération entre les professionnels
Un des enjeux majeurs du plan Ma Santé 2022 est aussi d’améliorer la coopération entre les différents professionnels de santé. Cela passe par la création de CPTS (Communautés professionnelles territoriales de santé) mais aussi par la dématérialisation et le partage des dossiers entre les différents acteurs de la chaine de santé.
Les médecins spécialistes, généralistes, pharmaciens et autres professionnels de santé communiqueront leurs diagnostics et décisions de manière plus fluide et pratique. Là encore, des critères de confidentialité restent à fixer pour rassurer les médecins. Mais au-delà du partage d’informations sensibles, faciliter les communications entre les professionnels de santé va grandement faciliter la prise en charge des patients, notamment à terme dans les hôpitaux où les dossiers papiers sont encore trop nombreux peu efficaces pour un suivi longue durée des patients et font déborder les archives.
Formation et assistance des médecins
Le manque de praticiens est une réalité qui prend de l’ampleur. Pour assister les médecins en activité et ouvrir l’accès à de nouveaux praticiens, des postes et statuts nouveaux sont créés, et des pratiques remises en cause. Le statut de praticien hospitalier a vu le jour, et des assistants médicaux et infirmières spécialisées (4000 postes prévus) seront engagés pour aider les médecins, voire les remplacer quand cela sera possible. Les infirmières ont déjà le savoir et les compétences pour assurer nombre de ces tâches, mais une mise à niveau de leur statut leur confèrera la possibilité de s’y employer légalement. Pour pallier aux déserts médicaux, des hôpitaux de proximité vont être créés, pour renforcer l’offre de soins dans des zones pour l’instant démunies. Pour encourager les étudiants en médecine, la suppression de numerus clausus et d’épreuves classantes rendra certains postes plus accessibles. Non pas dans le but de réduire l’expertise des praticiens, mais bien au contraire de la spécialiser selon les différents profils. Enfin, bien évidemment, tous les médecins devront être formés à l’utilisation des méthodes de gestions dématérialisées.
Des attentes plurilatérales
La gestion médicale de la pandémie l’a cruellement mis en évidence : certains professionnels de santé sont beaucoup trop sollicités. La digitalisation de la médecine, au sens large, est certes une nécessité pour le bon exercice de leurs fonctions, et aussi un besoin grandissant pour préserver leur bien-être. Mais la « télémédecine » pourrait aussi, dans certains cas, accroitre la sollicitation des médecins, par exemple dans le suivi des patients. Alors les attentes de cette réforme sont grandes du côté des médecins, qui sont toutefois très attentifs à sa mise en œuvre (en matière de sécurité et confidentialité, tâches nouvelles, etc.). Mais les patients aussi ont besoin de changements rapides, étant donné la difficulté parfois décourageante pour obtenir un rendez-vous qui peut entrainer une renonciation aux soins.